Séminaire « Que peut le récit ? »

Vendredi 11 juin – Rencontre avec Romain Bertrand

Le detail du mondeLe detail du monde

10h-12h – Le Détail du monde : (d)écrire, entre histoire et littérature.

Les mots nous manquent pour dire le plus banal des paysages. Vite à court de phrases, nous sommes incapables de faire le portrait d’une orée. Un pré, déjà, nous met à la peine, que grêlent l’aigremoine, le cirse et l’ancolie. Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. Au temps de Goethe et de Humboldt, le rêve d’une « histoire naturelle » attentive à tous les êtres, sans restriction ni distinction aucune, s’autorisait des forces combinées de la science et de la littérature pour élever la « peinture de paysage » au rang d’un savoir crucial. La galaxie et le lichen, l’enfant et le papillon voisinaient alors en paix dans un même récit. Ce n’est pas que l’homme comptait peu : c’est que tout comptait infiniment.

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Qui a fait le tour de quoiQui a fait le tour de quoi14h-16h – Qui a fait le tour de quoi ? : lecture et discussion de l’Affaire Magellan.

L’histoire de l’expédition de Fernand de Magellan nous a toujours été racontée tambour battant et sabre au clair, comme celle de l’entrée de l’entrée triomphale de l’Europe, et de l’Europe seule, dans la modernité. Et si l’on poussait à son extrême limite, jusqu’à le faire craquer, le genre du récit d’aventures ? Et si l’on se tenant sur la plage de Cebu et dans les mangroves de Bornéo, et non plus seulement sur la Victoria ? Et si l’on faisait peser plus lourd, dans la balance du récit, ces mondes que les Espagnols n’ont fait qu’effleurer ? Et si l’on accordait à l’ensemble des êtres et des choses en présence une égale dignité narrative ? Et si les Indiens avaient un nom et endossaient parfois le premier rôle ? Et si l’Asie tenait aussi la plume ? Que resterait-il, alors, du conte dont nous nous sommes si longtemps bercés ?

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Directeur de recherche au Centre de recherches internationales (CERI, Sciences Po-CNRS), Romain Bertrand est notamment l’auteur de L’Histoire à parts égales. Récits d’une rencontre Orient-Occident (XVIe-XVIIesiècle), (Seuil, 2011, Grand Prix des Rendez-vous de l’Histoire de Blois 2012). Récemment, il a dirigé L’Exploration du monde. Une Autre histoire des grandes découvertes (Seuil, 2019) et publié Qui a fait le tour de quoi ? L’Affaire Magellan (Verdier, 2020).

07.06.2021 | par Alícia Gaspar | histoire, litterature, romain Bertrand, séminaire

Symposium « AFRICA N’KO » sur la bibliothèque coloniale: réhabiliter l’histoire de l’Afrique écrite par des Africains

Un symposium de quatre jours regroupant des chercheurs, anthropologues et universitaires venus d’un peu partout, s’est ouvert hier, à Dakar. La rencontre est organisée par le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria) et l’Organisation Point Sud. Objectif : réfléchir sur le contenu de la Bibliothèque coloniale.

La problématique du contenu de la Bibliothèque coloniale sera au cœur des débats à l’issu des quatre jours que vont durer le symposium d’« Africa N’ko » (dire l’Afrique dans le monde) qui s’est ouvert, hier, à Dakar. L’objectif de cette rencontre est de faire la relecture de la Bibliothèque coloniale, d’adopter une position critique en explorant la richesse des autres bibliothèques pour enfin ouvrir des perspectives en vue d’une réhabilitation de la réalité sur l’histoire telle qu’écrite par des Africains. Une histoire dont une partie a été dissimulée par le pouvoir colonial. 
La Bibliothèque coloniale est l’apanage des pratiques et écrits des missionnaires, des explorateurs, des philosophes, etc. Elle a occulté, aux yeux de certains spécialistes, l’existence d’autres bibliothèques et formes de pensée. De fait, il sera donc question de voir comment renverser la tendance et penser les sociétés africaines dans le processus de développement actuel.


« Nous avons pendant longtemps travailler avec des concepts et des théories produits pour la plupart en dehors de l’Afrique. D’ailleurs, même ceux qui ont été produits dans notre continent ont été inventés en Europe ou ailleurs. Donc, pour nous, il s’agira de regarder le monde avec nos propres yeux pour qu’on comprenne assez bien la science afin de pouvoir apporter notre propre contribution et interroger les concepts et théories qui sont utilisés pour parler de l’Afrique », a expliqué Ibrahima Sall, directeur exécutif du Codesria. C’est pourquoi, pense-t-il, ce colloque devra amener les chercheurs africains à continuer le travail d’interrogation et de réflexion sur les manières dont on peut lire le savoir sur l’Afrique et celui dont on devrait comprendre le monde à partir de l’Afrique. Lequel travail a été déjà enclenché, il y a longtemps.

 (pode seguir a conferencia em directo a partir do site do CODESRIA )

 Une rencontre venue   à son heure

« Notre ambition consiste à chercher à transformer notre continent, à avoir la maîtrise des transformations sociales mais également le développement de l’Afrique en augmentant sa capacité d’intervention dans le monde. Et ce processus ne peut se faire en dehors du savoir. Nous sommes des chercheurs et nous pensons que mieux nous comprenons les réalités du monde, mieux nous serons capables de trouver les clés et les mécanismes qui nous permettent de faire en sorte que notre continent ne soit plus en périphérie dans le monde », a-t-il ajouté. Selon, Abdou Karim Ndoye, conseiller technique du ministre de l’Enseignement supérieur, ce colloque vient à son heure du fait qu’il intervient dans un contexte où notre pays a enclenché une réflexion sur l’enseignement supérieur. Cela, à l’en croire, représente une opportunité pour le Sénégal de documenter cette concertation nationale. « Depuis le début du mois de janvier, le gouvernement est en train d’organiser une Concertation nationale sur l’Enseignement supérieur. Dans ce cas, poser la question de la Bibliothèque coloniale, c’est argumenter et documenter cette concertation nationale », a-t-il fait comprendre. Toujours dans la même veine, M. Ndoye a attiré l’attention sur la nécessité, pour les intellectuels africains, de comprendre le contenu de la Bibliothèque coloniale. « La plupart des intellectuels africains ne sont pas conscients du problème des contenus de la Bibliothèque coloniale dans laquelle sont consolidés un ensemble d’ouvrages qui ont, à la limite, placé le Noir dans une sorte d’altérité qui fait qu’on est arrivé à friser la négation de l’humanité du noir. Il est bon de savoir le contenu de cette bibliothèque pour fondamentalement mieux la déconstruire », a-t-il laissé entendre. A ses yeux, cette œuvre de déconstruction a pour effet d’affirmer l’essence du Noir. « Aujourd’hui, l’émergence de l’Afrique ne peut s’expliquer et se comprendre que si elle prend toute sa place dans le cadre de la mondialisation. Affirmer l’Afrique aujourd’hui, c’est monter que son histoire et l’histoire ont été faites à partir d’intellectuels africains qui ont fortement influencé la pensée occidentale qui règne aujourd’hui », a ajouté le conseiller technique du ministre de l’Enseignement supérieur.

 

30.01.2013 | par martalanca | africain, histoire

"Hantologie des colonies"

Jeudi 10 novembre à 19h / entrée libre
Médiathèque de Noisy-le-Sec
Dixième soirée Hantologie des colonies
REJOUER L’HISTOIRE
Séance ouverte par Pauline Curnier-Jardin, artiste en résidence à la Galerie de Noisy-le-sec, qui présentera deux courtes vidéos La Vision de Dédé et Ami. Elle fera le récit de sa rencontre avec la question coloniale et l’impact de celle-ci sur certains de ses travaux.

Avó (Muidumbe)
(10 min, v.o. sous-titrée en français, 2009)

Nshajo (O Jogo)
(8 min, v.o. sous-titrée en français, 2010)
de Raquel Schefer
Dans Avó, Raquel, une étudiante en documentaire à Buenos Aires, réinterprète le passé colonial de ses grands-parents au Mozambique. Elle s’approprie, monte et manipule l’archive familiale super8 enregistrée par son grand-père, ex-administrateur colonial. L’artiste scrute l’imagerie pour en extraire les signes les plus marquants de la domination déguisée derrière la normalité apparente du quotidien familial. Elle essaie de reconstruire la vie familiale qu’elle n’a pas vécu et qu’elle sait être une partie de sa propre histoire. L’artiste convoque ainsi le temps mythique de l’épopée impériale portugaise et opère un mouvement de colonisation de l’imagerie et, au-delà, de l’espace de représentation circonscrit par son grand-père.

et

Joal la portugaise
(6 min, v.o. sous-titrée en français, 2004)
d’Ângela Ferreira
Joal la portugaise est filmé à Joal-Fadiouth, au Sénégal. La vidéo raconte, à la première personne, une des versions de l’histoire de la femme qui donna son nom à la ville, colonisée successivement par les Portugais, les Hollandais, les Français et les Anglais. L’œuvre fait référence aux « signares », femmes d’origine portugaise ayant joué un rôle important dans la politique et l’économie locales, source d’inspiration du poète Léopold Senghor, premier président du Sénégal indépendant, né précisément à Joal en 1906.
Projection en présence de Raquel Schefer suivie d’une discussion avec Pauline Curnier Jardin (artiste en résidence à la Galerie)
Pour en savoir plus sur ce film et avoir accès aux infos pratiques,
rendez-vous sur www.hantologie.com
Retrouvez aussi le Journal fantôme des colonies
sur le blog de Khiasma

08.11.2011 | par joanapires | Art, histoire, mozambique, senegal, vidéos