Les « wokes » : un piège de renard à ours

Les « wokes » : un piège de renard à ours À croire une rumeur persistante, un spectre hante l’Occident : le spectre des wokes. Toutes les puissances culturelles se sont unies pour former une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre, et le vaincre. Cette panique colérique ressemble étrangement à celles qui se sont exprimées à répétition depuis — au moins — les années 1960 au sujet des campus, apparemment contrôlés à chaque génération par une jeunesse rebelle. En Mai 68, par exemple, le sociologue conservateur Raymond Aron qualifiait de « barbares » et de « terroristes » les maoïstes et autres anarchistes occupant la Sorbonne.

Jeux Sans Frontières

13.03.2021 | par Francis Dupuis-Déri

Une distraction absurde

Une distraction absurde La réalisatrice est très claire dans son intention. Elle n’est pas allée en Italie pour produire un film qui explore le thème des réfugiés ou des migrants et qui problématise ou victimise leurs expériences. Elle est allée à Amantea pour raconter une histoire avec sa poésie et sa narration propres. Le poète Rainer Maria Rilke écrivait : « Kunstwerke sind von einer unendlichen Einsamkeit und mit nichts so wenig erreichbar als mit Kritik. » (Les œuvres d’art sont d'une infinie solitude ; rien n’est pire que la critique pour les aborder.)

Plateaux

07.03.2021 | par Cheong Kin Man

Suk Suk (Oncles), un film de Hong Kong à la Berlinale

Suk Suk (Oncles), un film de Hong Kong à la Berlinale Il semble que dans certains pays européens, les gens s’aiment avec beaucoup de liberté. C’est même d’une certaine manière un privilège d’être de ces pays. J’aimerais que cette façon si libre d’aimer et de s’aimer qu’ont beaucoup d’Européens soit universelle. Pourtant, puisque chaque culture a ses spécificités, je lutte parfois moi-même entre ce souhait « d’universalisation » et le « respect » de certaines habitudes culturelles. Je ne sais pas encore comment mieux me positionner sur ce point.

Plateaux

05.03.2021 | par Cheong Kin Man et Mathilde Denison

La Place Du Noir: L’esclavage dans le cinéma brésilien

La Place Du Noir: L’esclavage dans le cinéma brésilien Les premiers films brésiliens sont réalisés en 1897. Neuf ans auparavant, le Brésil a été le dernier pays occidental à abolir l'esclavage. Les portugais commencent la traite négrière peu de temps après la découverte et pendant 350 ans, déportent au moins 5 millions d'Africains, sans compter ceux qui sont jetés dans l'océan. Soldats de la conquête, main d'oeuvre aux champs et en ville, employés et artisans, les africains sont les bâtisseurs du Brésil. Lorsque D. Pedro, héritier de la couronne portugaise et roi du Brésil, proclame l'indépendance en 1822, deux tiers des brésiliens sont des afro-descendants, en majorité affranchis et libres. Durant des décennies, le cinéma occulte ce passé fondateur, il efface l'esclavage.

À lire

02.03.2021 | par Ariel de Bigault

Et si l’évolution devenait aussi une histoire de femmes ?

Et si l’évolution devenait aussi une histoire de femmes ? Par ces temps d’obscurantisme, où toutes les lumières de la raison s’éteignent sous le souffle conjugué de l’ignorance et de l’arrogance, ce livre dépoussière nos idées reçues d’un vigoureux coup de plumeau. Quand le savoir et l’humour s’allient pour le plus grand bonheur des lecteurs.trices, on ne saurait trop recommander la lecture de l’ouvrage de Pascal Picq : Et l’évolution créa la femme.

À lire

01.03.2021 | par Jacqueline Dérens

Mon ami blanc

Mon ami blanc En tant que minorité visible, j’en profite pour faire connaître, à mes pairs, la campagne « Moi j’ai un ami blanc ! » puisque les blancs ne sont pas tous pareils, combattons les préjugés. Du latin praejudicare, préjuger c’est de juger, décider d’avance avant d’avoir tous les éléments d’information nécessaires. Les préjugés sont une opinion adoptée sans examen par généralisation hâtive d’une expérience personnelle ou imposée par le milieu, l’éducation. Tu danses bien pour un Blanc ! que j’ai dit un jour à mon mec. C’était un compliment. J’essaye de prendre soin de mes amis Blancs en me rappelant que « La connerie, c’est la décontraction de l’intelligence » – Serge Gainsbourg.

Mukanda

22.02.2021 | par Fanie Lebrun

Macao: «Geld, Geld, Geld!»

Macao: «Geld, Geld, Geld!» Compte tenu du peu de passé colonial de l’Allemagne, les critiques allemandes me semblent parfois un peu injustes, ou nécessiteraient au moins davantage d’explications. Critiquer la réalité d’une culture si distincte sans une explication est dangereux. Des explications égocentriques ou qui se contentent de potentielles raisons valent mieux que rien. A l’écriture de cette phrase je me rends ironiquement et satiriquement compte de ce que j’ai moi-même répété comme un problème ici : je n’ai pas expliqué le contexte et les raisons du pourquoi la presse germanophone réagit aussi face au 20e anniversaire de la RASM.

La ville

20.02.2021 | par Cheong Kin Man et Mathilde Denison

Monde de poussière

Monde de poussière  Avant d’aborder le thème de ce que peut bien être ce “monde de poussière”, penchons-nous premièrement sur les équivalents du mot et du concept “monde” en chinois. Les gens qui apprennent une langue est-asiatique l'ont probablement découvert, les deux concepts de temps et d’espace n’étaient dans ces langues pas aussi séparés dans la philosophie “occidentale”, par exemple. Si je mets ici le mot “occidental” entre guillemets, c’est parce que la philosophie est une chose qui est à la base occidentale.

À lire

01.02.2021 | par Cheong Kin Man et Mathilde Denison

Annett Stenzel’s g´(Silence Song)

Annett Stenzel’s g´(Silence Song) Un film est un moyen de communication, et selon ce principe il semble intéressant de collecter différentes compréhensions afin d’enrichir sa propre vision, et c’est précisément ce que la liberté d’une production visuelle expérimentale permet. Cette collecte est d’autant plus intéressante qu’elle regroupe des compréhensions venant de spectateurs de cultures différentes. C’est en ce sens que le fait que la réalisatrice ait étudié les langues orientales - notamment le persan - et qu’elle soit grandement intéressée par la culture japonaise participe à la création de la multicentricité que le film propose et dans laquelle chaque spectateur peut se plonger, se noyer et ressortir plus riche qu’il n’en est entré.

Afroscreen

28.01.2021 | par Cheong Kin Man et Mathilde Denison

L'écriture peut aussi être une source d'embarras, entretien avec l'écrivain malgache Jean Luc Raharimanana

L'écriture peut aussi être une source d'embarras, entretien avec l'écrivain malgache Jean Luc Raharimanana Des lois existent je crois concernant l’atteinte aux libertés. Des paroles aliénantes peuvent influencer la masse, mais ces paroles ont toujours existé dans l’histoire de l’humanité. C’est l’esprit critique qu’il me semble urgent à soutenir et à développer. Je préfère raisonner par les possibilités que par les limitations. Comment mettre à disposition de chacun les outils pour créer une parole créatrice, un mouvement de tissage plutôt qu’une parole destructrice, un geste pour déchirer ?

Tête-à-tête

11.01.2021 | par Alícia Gaspar et Jean Luc Raharimanana

Racisme partout, race nulle part

Racisme partout, race nulle part Comment parler concrètement de racisme dans un pays qui réfute le mot même de « race » ? C’est, en substance, la question que pose le livre de Sarah Mazouz, sociologue et chargée de recherches au CNRS, qui s’intitule tout simplement Race, et dont on pourra lire un extrait ici. Ce court ouvrage a été rédigé et publié dans la période qui recouvre l’assassinat de George Floyd par un policier blanc à Minneapolis, les marches pour Adama Traoré, décédé après une interpellation de la police en région parisienne, et le débat sur le « séparatisme islamiste » amorcé par le gouvernement.

À lire

18.12.2020 | par Philippe Marlière

La voix des sans-voix. Fragments de l’histoire politique au Burkina Faso.

La voix des sans-voix. Fragments de l’histoire politique au Burkina Faso. Tu filmes les chaises vides et les instruments de musique posés par terre, et aussi celles et ceux qui viennent s’asseoir devant la caméra quelques instants avant qu’ils ne prennent la parole. Ce qui fait qu’à chaque fois que quelqu’un s’adresse à la caméra, il y a à côté une présence silencieuse, un potentiel d’énonciation en attente. Lorsque quelqu’un parle, chante ou joue de la musique, quelqu’un ou quelque chose à côté reste immobile ou silencieux, comme une sorte de contrepoint nécessaire à une écriture polyphonique. Parfois cette présence à côté s’impatiente et commence à bouger sur place, son regard part au loin, rêveur, ou vient se poser, pensif, à terre. Peu à peu on s’aperçoit que tous ces corps émettent des signes.

Tête-à-tête

12.12.2020 | par Vanessa Brito

“C’est du chinois”

“C’est du chinois” Il semblerait que l’époque où le cantonais était considéré comme le “chinois” et Macao comme le représentant culturel de la Chine des sinologues portugais soit bel et bien révolue. Mais, quand on y pense, recentrer la sinologie portugaise sur son ancienne colonie ainsi que sur le cantonais ne serait-il pas justement la chance à saisir par cette sinologie pour s’octroyer de par la spécificité et l’originalité de son point de vue une place de luxe au sein du monde littéraire et académique actuel ?

À lire

15.11.2020 | par Cheong Kin Man et Mathilde Denison

Cinéma de Geração 80

Cinéma de Geração 80 Pour célébrer le 45e anniversaire de l'indépendance de l'Angola, l'Association de documentation Tchiweka et GERAÇÃO 80 en partenariat avec TPA, la plateforme Mostra de Cinemas Africanos et PlatinaLine montreront plusieurs documentaires du projet "Angola - Sur les traces de l'indépendance", "Indépendance", "Femmes d'armes", "Saint Nicolas - Ils n'ont pas oublié" et "La fragilité persistante de la mémoire".

Afroscreen

11.11.2020 | par Geração 80

« Les massacres de manifestants doivent cesser » : intense mobilisation au Nigéria contre les violences policières

« Les massacres de manifestants doivent cesser » : intense mobilisation au Nigéria contre les violences policières Cette mobilisation, dans les rues des villes du pays ainsi que sur les réseaux sociaux (sous le hashtag #EndSARS), s’inscrit plus largement dans les protestations internationales de ces derniers mois contre les violences policières, dans un contexte de crise sanitaire doublée d’une crise économique profonde qui n’a pas manqué d’exacerber les exactions des policiers et des militaires nigérians à l’encontre des civils. Au début de l’épidémie de Covid-19 au Nigeria et pendant les deux premières semaines de confinement, soit entre le 30 mars et le 16 avril 2020, la brutalité policière a fait plus de morts que le virus.

Mukanda

10.11.2020 | par Le collectif

Entrave à la liberté de la presse et surveillance de masse : la nouvelle loi macroniste de « sécurité globale »

Entrave à la liberté de la presse et surveillance de masse : la nouvelle loi macroniste de « sécurité globale » Un nouvel arsenal de mesures liberticides est sur le point d’être adopté par l’Assemblée nationale. La proposition de loi relative à la sécurité globale a de quoi inquiéter : extension des pouvoirs de la police, accroissement des systèmes de surveillance aux dépens de la vie privée, impunité en cas de violences policières illégales... Ce projet aurait des conséquences dramatiques sur notre démocratie. Ce 20 octobre, les députés de la majorité LREM ont déposé une énième proposition de loi sécuritaire, propre à entraver la liberté de la presse.

À lire

10.11.2020 | par Ivan du Roy et Emilie Rappeneau

Documenter le racisme d’État en France

Documenter le racisme d’État en France A titre d’exemple, dans Le racisme expliqué à ma fille, sorti en 1993, l’écrivain Tahar Ben Jelloun parle de « racisme d’État » pour désigner la colonisation ― ce qui, notons-le, est un usage historiographique peu courant. Cette historicité doit nous conduire à interroger les effets de contexte et de période sur la portée symbolique de l’expression, et ainsi de lire autrement la polémique récente : ce qui est nouveau et saillant aujourd’hui, ce n’est pas la notion ni ses usages, mais ses contre-usages à visée polémique pour dénoncer certains mouvements antiracistes.

Tête-à-tête

09.11.2020 | par Fabrice Dhume, Camille Gourdeau, Xavier Dunezat et Aude Rabaud

Le Chili, d’un octobre à l’autre

Le Chili, d’un octobre à l’autre Le Chili représente l’un des exemples les plus réussis du processus idéologique entrepris par le néolibéralisme triomphant des années 1990. Un processus qui, entre autres choses, a cherché à bannir la compréhension classiste des problèmes sociaux. Mais comme l’eau, la lutte des classes se fraye un chemin, s’imprègne de tout et s’expose dans toute son évidence. Il s’agit de la sincérité de la brutale inégalité du pays, de la façon dont l’agonie de la majorité appauvrie paie la bombance et le luxe de la minorité la plus riche, et du fait que cela a été appelé le « miracle chilien » et vendu comme un modèle de réussite.

À lire

06.11.2020 | par Luis Thielemann Hernández

L’exotisation (in)volontaire du cinéma comme stratégie

L’exotisation (in)volontaire du cinéma comme stratégie Quatre films sinophones furent présentés au Festival International du film la Berlinale de Berlin cette année. Inspirés par l’anthropologie visuelle, si nous avons appris quelque chose de plus que de repérer immédiatement les processus de victimisation à l’oeuvre, c’est bien de cerner avec assez de justesse la présence d’une sorte d’aspiration à l’exotique que laissent transparaître certaines productions cinématographiques. Dans cet article, nous nous pencherons sur les mécanismes d’exotisation présents dans la production chinoise Ping Jing, ce qui nous amènera à la comparer avec la production singapourienne: I Dream of Singapore.

Afroscreen

07.10.2020 | par Cheong Kin Man et Mathilde Denison

Lettre de soutien à Mamadou Ba et à l’antiracisme politique au Portugal

Lettre de soutien à Mamadou Ba et à l’antiracisme politique au Portugal Ces dernières semaines, il y a eu une escalade des tensions politiques au Portugal, suite aux manifestations publiques d'organisations d'extrême droite qui ont également menacé les militants antiracistes. Le 11 août, le militant antiraciste noir Mamadou Ba et neuf autres personnes (militants antiracistes, antifascistes et LGBT, députés et dirigeants syndicaux) ont reçu un e-mail envoyé par un mouvement néonazi qui les a menacés ainsi que à leurs familles s'ils ne quittaient pas le pays dans les 48 heures suivantes.

Mukanda

02.09.2020 | par vários