" On me reproche de réaliser des objets pas assez sculptés, pas assez africains" entretien avec Balthazar Faye

Vous avez entrepris une école des Beaux-arts à Besançon et avez effectué une formation d’arts déco à Paris. Pourtant on considère souvent que votre travail valorise un certain héritage culturel dû à vos origines sénégalaises. Quelle définition donneriez-vous à l’identité de vos objets ?

 ” Les objets que je fabrique sont fondamentalement métis, un mélange de toutes mes influences. J’ai des origines sénégalaises, mais je suis aussi à moitié allemand. Le frère de mon arrière-grand-mère est Gropius, fondateur de l’école du Bauhaus. De fait, durant mon adolescence, j’ai évolué dans du mobilier provenant de cette tradition. Je garde à l’esprit la fascination qu’exerçaient sur moi les meubles tubulaires de Marcel Breuer ainsi que les créations de Ritvel. Leurs styles ont participé à construire ma sensibilité à l’objet. Cette sensibilité s’est fortifiée avec le temps et grâce à de nombreux lieux où s’est inscrite ma vie. Je suis né au Sénégal et j’y ai passé une partie de mon enfance. Là-bas, j’ai d’abord été interpellé par les possibilités extraordinaires offertes par le bois massif et le mobilier sculpté. Un peu plus tard, au Congo, j’ai eu l’occasion d’effectuer ma première approche du fer forgé. Probablement, le fait d’avoir été éloigné de l’Afrique pendant la deuxième partie de mon existence a suscité en moi une forte envie de travailler autour de formes très sculptées. Aujourd’hui l’ornementation n’a plus d’importance dans ma façon d’aborder l’objet car lorsque je pense ” design “, j’aspire à favoriser une forme d’efficacité fonctionnelle. Il s’agit, dans mon travail, d’envisager le matériau comme une ressource et de pouvoir le contraindre à des explorations techniques. Par exemple, si je travaille avec un matériau élastique, il faut absolument que l’élasticité de ce matériau serve l’objet qu’il va constituer. C’est une question de cohérence entre la matière et l’objet. Aussi, je m’efforce d’exploiter l’aspect naturel des matériaux. La peau d’un objet doit servir en quelque sorte à valoriser la particularité de celui-ci ”.

 

Entretien réalizé en partenariat avec Dak’Art. Lire la suite au website Africultures

par Thierry William Koudedji et Lucie Touya
Cara a cara | 15 décembre 2010 | Balthazar Faye, design