Rendition du Celibatarian II - Hôtel Globo

 

 

TEXTE D’ANTÓNIO OLE, écrit pour l’exposition d’aquarelles de Ruy Duarte de Carvalho dans le cadre de la célébration du 22ème anniversaire de l’association culturelle « Associação Cultural e Recreativa Chá de Caxinde”, du 15 au 17 février, à Luanda. J’ai connu Ruy Duarte de Carvalho à Lobito dans les années soixante-dix. J’avais lu son premier livre « Chão de Oferta » qui s’inscrivait déjà dans une trajectoire fulgurante qui marquerait de manière innovatrice la littérature produite à Angola.

Je connaissais aussi sa participation à quelques expositions de référence à Luanda, pendant la décennie soixante-dix, ce qui était révélateur de son inquiétude créatrice, digne d’un artiste complet, fin et perfectionniste. Au cours des années et dans le renforcement d’une amitié, j’ai eu le privilège de lire /voir beaucoup de sa production.

Je me rappelle, par exemple, ses « Boizinhos » peints de manière très délicate, desseins magnifiques pour le livre « Sinais misteriosos » où l’on aperçoit déjà sa démesurée passion du désert et de son peuple nomade.

C’est avec surprise que je me suis rendu compte de l’existence de son projet – « Rendição do Celibatário II » fruit de passages sporadiques à Luanda, en faisant de l’Hotel Globo (pas seulement) son « poste d’observation ». Son regard témoigne d’une ville en mutation, avec de petites notes du quotidien et une douceur chromatique remarquable qui nous font attendre, dans l’avenir, une exposition plus vaste de son travail de peintre, avec la sagesse qu’il mettait dans tout ce qu’il entreprenait.

António Ole. Lisboa, janvier 2011

A)   La résistance des matériaux

Faisons maintenant un tour: bâtons, cailloux, branches, os, charbon, argile, poussière.

Ruy Duarte de Carvalho «  A Câmara, a escrita e a coisa dita” p. 293

Il a bien des choses de miroir, cet art d’eau et de grains qu’on fait ici pour arrêter le temps et remplir la ville de récits, en observant directement le grand changement du monde et le changement de la rue, de la vieille maison, de la lumière, du sens vertigineux du bougainvillier que celui-là entraîne. Des espaces incorporés y apparaissent traités de la forme correcte, suivant le tracé de leurs antiquissime formes soumises à de nouvelles perspectives qui obligent le regard à s’élever du sol pour suivre la double organisation des espèces (murs, bâtiments, balcons, coins de la rue) en tant qu’espace habité e représenté en séquence car sa plus primitive matérialité change. Il était une ville, ses centres en mouvement continuel, ses trois dimensions inversées, ses habitants et ses paroles. Le célibataire, celui qui depuis toujours « fait attention aux paroles du lieu» reconnaît que le centre de la ville se rétrécit, contraint par les rives plus grandes. Il choisit la perspective parce qu’il y a un espace qui envahit l’autre, le contamine et crée une intime distance entre « lieu retrouvé et lieu perdu » de laquelle on peut donner des nouvelles d’une mémoire tenue, gardée entre des murs, soumise au pinceau…des récits de voisinage, petits carrés, convivialités, interdictions.

Des aquarelles… évidemment.

Ana Paula Tavares, 2011