Adriano Moreira a réouvert le Tarrafal il y a 50 ans en tant que ministre de Salazar.

Le journaliste Antonio Valdemar et Fernando Filipe ont mis en lumière les 50 ans du début de la Guerre Coloniale dans la salle Carlos Paredes de la Société Portugaise d’Auteurs (SPA) par une exposition de documents - cartes, photographies et livres - qui nous aident à retracer le cheminement de ce conflit et à en identifier ses principaux protagonistes. L’exposition débute par deux tableaux du Camp de Tarrafal : le premier illustre sa création en avril 1936 en tant que pénitencier qui a fermé en 1946, et l’autre traite de sa réouverture comme camp de réclusion des indépendantistes africains en 1961.

Suite à la guerre civile espagnole, le « Camp de la Mort Lente », ainsi était-il connu, a été créé préventivement pour éviter la propagation de la guerre au Portugal.

Selon le dispositif légal du 23 avril 1936, [Décret-loi n° 26 539], il a été établi que ce pénitencier était destiné aux citoyens « hostiles au régime » considérés dangereux au vu de leurs antécédents. Pour cette raison, ils devaient être isolés en camp de concentration.

Le Camp de Tarrafal a ouvert ses portes le 29 octobre 1936 pour y enfermer les syndicalistes du « 18 janvier » 1934, les marins de l’Organisation Révolutionnaire Armée (ORA) qui ont tenté le soulèvement du 8 septembre 1936, et aussi les anarco-syndicalistes de la CGT et les républicains qui  conspiraient contre la Dictature. 152 personnes faisaient partie de ce premier lot.

En 1946, dans l’euphorie de la fin de la Seconde Guerre Mondiale et suite à la déroute du fascisme nazi, Salazar a été contraint par les alliés de réaliser des élections annoncées  comme «aussi libres que celles de l’Angleterre libre», et de fermer le camp de concentration de Tarrafal, ultime camp maintenu ouvert.

Les élections ont été une mascarade et le Tarrafal a fermé seulement en janvier 1954.

En 1961, avec l’éclosion de la lutte armée à Luanda et devant la détermination de Adriano Moreira, à  l’époque ministre de l’Outre-mer, la prison a été réouverte, rebaptisée  « Camp de Travail du Bon Sol » et destinée à recevoir les leaders des mouvements de libération anticoloniaux et indépendantistes en Angola, en Guinée-Bissau et au Mozambique.

Le Tarrafal a fermé définitivement le 1er mai 1974 et les détenus ont été envoyés vers leurs pays respectifs où ils ont eu un rôle important dans la création des Etats.

Sur trois des tableaux, Antonio Valdemar a mis en exergue le rôle d’Adriano Moreira dans le maintien du régime colonial, en rappelant qu’il l’a fait en tant que sous-secrétaire d’Etat de l’Administration d’Outre-mer entre 1960 et 1961. Cette année-là,  il est devenu ministre de l’Outre-mer et est resté en fonction jusqu’en 1963.

A cette période, devant le refus des propositions faites par Nehru à propos de l’entrée négociée de l’Etat de l’Inde, ainsi appelé par le régime, l’annexion des territoires de Goa, de Damân et Diu a eu lieu en décembre 1961.

Il y a eu la rétrogradation du général Vassalo e Silva et d’autres officiers parce qu’ils avaient déposé les armes pour éviter des morts, il y a eu le déclenchement de la lutte armée en Angola, en Guinée-Bissau et au Mozambique sans que le ministre de l’Outre-mer de l’époque ne se rende compte de l’importance d’entamer un dialogue politique avec les dirigeants des mouvements de libération. Au contraire, l’action de ces mouvements est qualifiée de « trahison à la Patrie », comme il l’illustre dans un des livres exposés qui est édité par l’Agence Générale de l’Outre-mer.

On essaie ainsi de transmettre la notion de rigueur et de sobriété  aux visiteurs.

La direction du SPA souligne le travail de journaliste et d’historien de Antonio Valdemar et met en valeur l’organisation de l’espace, conçue et scénographiée par Fernando Filipe, en proposant au visiteur une vue rapide ou détaillée des tableaux, en fonction de sa disponibilité.

Article publié dans A.23 online

                                                                                                                                                             

Traduction:  Véronique Daudrix

par António Melo
Vou lá visitar | 15 mai 2012 | Adriano Moreira, Salazar, Tarrafal